mardi 24 juin 2014

Entrer en désamour - 2

Après l'épreuve de mon endoscopie, j'ai commencé à voir le monsieur avec d'autres yeux, à remarquer des choses troublantes et à voir à quel point il pouvait être goujat dans l'intimité alors qu'à l'extérieur il continuait d'être le même charmeur, le même homme drôle, sympathique, jovial ... Etait-ce déjà l'entrée en désamour ? Je ne le sais toujours pas !

Cette année là je suis partie en vacances pendant deux mois, il me fallait absolument faire le vide et surtout me reposer et j'ai réussi jusqu'à ce qu'il me rejoigne !
Mon fils était avec moi depuis un mois quand le monsieur est arrivé ... il nous a bousillé les vacances en deux temps et trois mouvements et, curieusement, c'était ce que mon fils craignait et il me l'avait dit.
Il n'est resté que pendant trois semaines mais il a réussi à m'épuiser par sa mauvaise humeur et l'envie soudaine d'ouvrir un restaurant sur place, en comptant, évidemment, sur moi pour trouver les solutions. Comme je lui signifiais que je ne travaillerais plus jamais de ma vie avec lui, il a pris la mouche et a boudé toute la dernière semaine.

De retour à la maison je me suis occupée de ma première opération, je l'ai faite deux mois après et tout s'est bien passé. Quel bonheur d'entendre de nouveau même si ce n'était que d'une oreille !
Puis une autre bonne nouvelle est arrivée, les trois ulcères étaient guéris, ouf !!!
Je continuais d'avoir de belles conversations avec ma psy et un jour j'ai réussi à dire ce qu'elle voulait entendre, au sujet des enfants de mon mari que j'ai élevés et aimés :

"Ce ne sont pas mes enfants !"

A partir de là je me suis sentie beaucoup plus légère et, surtout, beaucoup plus lucide.
A part ma thyroïde qui faisait grève, ma tension à ras des pâquerettes, la prise quotidienne de tout un tas de médicaments, les visites des huissiers, la peur de la boite aux lettres et de la sonnerie du téléphone, la mauvaise humeur de monsieur mon époux et ses absences de plus en plus fréquentes ... tout allait pour le mieux ! Eh oui, mon optimisme avait repris le dessus grâce aux anti-dépresseurs.
Mon optimisme oui mais pas mes forces et il a usé et abusé de cela !
J'étais en arrêt-maladie depuis quatorze mois, j'avais réussi à m'occuper un peu de ma santé mais je n'étais pas encore bien vaillante. J'ai recommencé à pleurer du matin au soir et le médecin m'a envoyée au soleil et loin de l'époux qui me faisait plus de mal que de bien. Même le médecin-contrôle de la caisse d'assurance maladie m'a priée d'aller dans ma famille et de laisser mon mari s'occuper du reste, elle considérait que j'étais encore très fragile et que le soleil pendant deux mois, comme conseillé par mon médecin, ne pouvait me faire que du bien.

C'est donc avec la bénédiction de tous, sauf de mon époux, que je suis partie et cette fois-ci seule, mon fils n'arriverait qu'avec sa petite copine et son père. J'ai débarqué dans mon pays de soleil, j'ai retrouvé ma source (la maison de mes parents) et je me suis reposée et aussi beaucoup promenée ... Je m'étais inscrite depuis quelques mois sur un fameux réseau social et j'y avais retrouvé beaucoup d'amis et fait la connaissance de personnes qui sont vraiment devenues des amies. C'est pourquoi je me suis beaucoup promenée, j'étais invitée partout, ça m'a mis du baume au coeur et ça m'a surtout empêchée de penser à tous mes malheurs, j'ai beaucoup ri, beaucoup chanté, beaucoup festoyé ... j'étais bien, très bien même, et puis il est arrivé.
Heureusement que mon fils et sa copine faisaient partie du voyage, parce que lui me prenait la tête sérieusement !

Retour en France et opération de l'autre oreille à la fin septembre ... la même magie a opéré et le fait d'entendre, de nouveau parfaitement, a changé ma vie !

C'est le moment que mon époux a choisi pour recommencer à rentrer plus tard et à sortir tous les dimanches matin pour acheter du pain et des croissants, ça a immédiatement mis ma méfiance en éveil mais comme je me réveillais tard, vu le nombre de comprimés que je prenais, il était tout le temps en train de rentrer pour le petit-déjeuner ... C'est alors qu'un dimanche j'ai discrètement mis mon réveil à sonner pour 8h30, je l'ai mis en mode vibreur et je l'ai caché sous mon oreiller. Quand je me suis réveillée il était déjà parti et il n'est rentré qu'à 11h30, j'ai fait mon idiote et le dimanche suivant j'ai recommencé, le résultat a été le même et, là, je lui ai demandé à quelle heure il était parti pour acheter le pain et les croissants, il m'a dit qu'il y avait à peu près une demie-heure ... Je l'ai bien regardé dans les yeux et je lui ai dit que j'avais déjà donné, six ans avant, je lui ai dit de faire bien attention parce que je ne revivrais pas ce que j'avais déjà vécu ... Il m'a répondu qu'il n'avait pas regardé l'heure, qu'il y avait du monde chez le boulanger et qu'il y avait rencontré sa fille qui avait des problèmes, ils avaient un peu discuté et il n'avait pas vu l'heure passer ... Bien sûr !!! Je l'ai quand même mis en garde et puis j'ai eu des larmes plein les yeux ... Je crois bien que je l'aimais encore, en fait, mais à ce précis moment il a tué le peu de confiance que je recommençais à déposer en lui. Je ne savais pas qui, je ne savais pas quoi mais, mon septième sens ne me trompe jamais, je savais qu'il se passait quelque chose !
Il m'a prise dans ses bras, m'a chanté la chanson du bandit, je ne l'ai pas cru mais j'ai fait comme si. Si j'avais appris quelque chose lors de la première infidélité (connue) c'est qu'il ne fallait pas trop parler, il fallait observer et savoir se taire et je m'y suis appliquée.

Cependant il me semblait soucieux, trop, et quelques jours après il m'a appris que sa fille était enceinte ... il était à la fois content et inquiet ... je n'ai compris la raison que quand il m'a dit qu'elle ne savait pas de qui était l'enfant (cf. "...
Sa fille s'est incrustée jusqu'à vingt six ans ..." dans l'article "Il faut tout attendre et tout craindre du temps et des hommes").

 Le fait qu'il devienne grand-père me faisait plaisir pour lui et même pour moi, sa fille je l'ai élevée, je l'ai aimée (et comme je suis idiote je l'aime encore) donc j'ai mis toute ma méfiance de côté mais j'ai refusé d'assumer le rôle de la mamie puisque j'avais enfin compris que sa fille n'était pas la mienne, il me fallait rester dans cette ligne si je voulais m'en sortir, parce que je voyais bien qu'il comptait sur l'enfant pour me "radoucir", pour que je fasse la paix avec sa fille mais j'avais bien compris que si je faisais ça je me retrouverais très vite dans une autre spirale infernale et ça je ne le voulais à aucun prix. Même dépressive j'arrivais à comprendre qu'il ne me fallait pas faire un pas en arrière, mon but était devant et c'est par là que je devais me diriger.

Cependant la paix a eu l'air de revenir sur notre couple et j'en étais heureuse, par contre il avait beaucoup perdu de poids (50 Kg) et il avait du diabète, alors il avait du mal à avoir des érections mais ça ne nous empêchait pas de faire l'amour autrement.

En prévoyance de la naissance de l'enfant, j'ai décidé de partir en vacances trois semaines avant la date prévue pour l'accouchement, je ne voulais pas être tentée de me rendre à l'hôpital.
Puis, à Pâques, il est arrivé à la maison avec trois cloches en chocolat, j'ai pensé qu'il les avait achetées pour ses enfants et le nôtre mais, à ma grande surprise, c'était sa fille qui les avait achetées - il y en avait une pour notre fils, une pour lui et une pour moi - je n'ai pas voulu faire d'histoires, j'ai posé la mienne sur la table basse et je n'y a pas (jamais) touché, mon fils a fait pareil dans sa chambre. Il y a des choses, dans la vie, qui ne peuvent pas s'effacer avec une boite de chocolats, même si ce sont des chocolats de Pâques, sa fille était allée trop loin pour que je passe outre mais je voyais bien que père et fille attendaient la naissance de l'enfant pour me faire chuter, eh bien non, je ne chuterais pas mais je n'ai rien dit !

S'il y avait une cloche dans cette affaire, ce n'était certainement pas moi !


Mais l'enfant est arrivé un mois, pile poil, avant mon départ mais malgré les propositions alléchantes de mon époux je n'ai pas flanché, j'ai failli me rendre à l'hôpital à plusieurs reprises mais, avec l'aide de mon fils, j'ai tenu bon. Mon mari a été jusqu'à me dire que je pouvais y aller sans parler à Fabienne (sa fille) qu'elle était d'accord mais je ne voulais pas la voir et je ne me sentais pas non plus le droit de lui demander de quitter la chambre pour que je vois l'enfant. Mais Léo insistait beaucoup et est allé jusqu'à me dire que je n'avais pas de coeur ... Je lui ai répondu que ce n'était pas normal qu'il se serve de l'enfant comme monnaie d'échange pour faire la paix, que sa fille avait été en-dessous de tout avec moi, qu'elle n'en n'avait jamais exprimé le moindre regret, qu'elle n'avait jamais cherché à m'en parler et que ce n'était pas la naissance de son fils qui allait tout régler comme par magie. Il s'est tu, mais je voyais bien qu'il réprimait une colère voire de la rancune, tant pis !
Quand le petit  a quitté l'hôpital, mon époux transformé en  grand-père gâteau et gâteux me l'a amené, je l'ai pris dans mes bras, il était magnifique cet enfant et j'ai senti mon coeur se ramollir comme du beurre, j'avais tant aimé sa mère, je l'avais élevée comme ma propre fille, ça non plus, ça ne s'efface pas du jour au lendemain, mais j'ai continué de tenir bon !

A partir du moment où il a été grand-père il l'est devenu à temps complet, si je ne comptais déjà pas beaucoup avant, ça s'est vraiment aggravé. Mais était-ce vraiment son petit-fils qui lui prenait tant de temps ou son petit-fils était déjà devenu un alibi pour me trahir de nouveau ?


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