mardi 24 juin 2014

Entrer en désamour - 1

J'ignore à quel moment je suis entrée en désamour ou si ça s'est fait progressivement ... Je ne sais pas ! J'étais tellement malade et au fond du gouffre que je ne rendais plus compte de rien. A certains moments je le détestais puis l'amour reprenait le dessus et je m'en voulais, je me rendais coupable des erreurs qu'il commettait, me disant que j'aurais du le conseiller autrement pour m'apercevoir ensuite qu'il n'en faisait qu'à sa tête, d'où le problème.
Durant les neuf années qui ont précédé notre séparation,  j'ai eu toutes les raisons plus une pour arrêter de l'aimer, pour me séparer, pour le virer, pour divorcer voire le tromper ... et je ne l'ai pas fait ! Pourquoi ?
Je ne suis ni lâche ni idiote, j'ai toujours été la première à dire que l'amour n'excuse pas tout et, pourtant, au nom de l'amour j'ai failli sombrer pour ne jamais me relever. Il a su en profiter et il a cru que ça n'arrêterait jamais ... mais tout a une fin, même la bêtise, même le déni, même l'amour, même la manipulation !

C'est bien de manipulation qu'il s'agissait !

Quand, cinq ans après sa première infidélité (connue), mon corps a refusé de me suivre dans la folie qu'était devenue ma vie, il ne l'a pas compris. Il devait me prendre pour une bête de somme qui avance malgré elle, se tait, souffre en silence et en redemande ... mais voilà,

  • ça faisait trois ans que  je savais que j'avais des problèmes d'audition et je ne m'en étais toujours pas occupée, je n'avais pas le temps, alors comme j'entendais mal ça l'énervait et il criait, me disait que j'étais sourde comme un pot, je me repliais sur moi même et j'allais pleurer dans un coin ... puis il revenait et s'excusait, je pleurais et je le croyais et je repoussais le rendez-vous avec le chirurgien qui pouvait me rendre l'ouïe.
  • Depuis quelques mois j'avais de sérieuses douleurs d'estomac mais je n'avais pas le temps de consulter le médecin spécialiste.
  • Depuis très longtemps je passais ma vie à pleurer, mais je n'avais pas le temps de consulter mon médecin traitant.

C'est à ce moment là que j'ai perdu mon emploi et le fisc m'a saisi mes indemnités de licenciement, 7000€, à cause du redressement fiscal de monsieur mon époux ! Je suis allée m'inscrire à Pôle Emploi et je n'entendais rien de ce que me disait la conseillère, du coup elle m'a dit de me faire soigner les oreilles avant de rechercher du travail ...
C'est aussi à ce moment là que sa fille a déclenché une guerre et m'a insultée ... et mon époux a pris son parti, ceci malgré qu'il y ait deux témoins des "mots doux" desquels elle m'avait affublée.
C'est à ce moment là que je suis "tombée" et ça allait durer encore quatre longues années !


Tout en moi était un déchirement !

Première étape : mon médecin ! Bilan de santé complet et il y avait du boulot, rien n'allait. Il a fallu soigner le corps pour rétablir ce qui n'allait pas, quant au psychique ... eh bien je me suis retrouvée sous anti-dépresseurs, pour commencer à voir les choses autrement, et il m'a fait deux lettres de recommandation, l'une pour le psy et l'autre pour le gastro-entérologue. Puis il m'a indiqué le nom d'un excellent chirurgien en ORL et m'a fait une autre lettre.

Deuxième étape : Apprendre à dire à mon mari "je ne peux pas le faire, c'est ton tour" et ce ne fut pas simple !

Troisième étape : entreprendre le parcours du combattant pour me soigner, fallait-il encore que j'en ai envie et ça n'était pas toujours le cas. Bien souvent je me réfugiais dans le sommeil grâce à des somnifères, bien sûr, mais au moins quand je dormais je n'avais pas mal ni au corps ni au coeur ni à l'âme.

Et mon mari dans tout ça ? Eh bien mon mari faisait comme si tout allait pour le mieux et ignorait complètement mon état ... c'est dire si aucune aide n'est venue de sa part !!!

Résultat des courses : Devant son désintérêt total pour ce qui me concernait, je me sentais totalement abandonnée, livrée à moi-même, c'est un moment de ma vie où ma solitude était à son comble.

Quand il rentrait le soir, il dinait, puis s'endormait devant la télé. Toute conversation, tout dialogue étaient impossibles, il mettait entrave à tout et passait plus de temps avec sa fille qu'avec nous (mon fils et moi), il travaillait tous les samedis, il n'a jamais suggéré de faire les courses, de m'accompagner chez les divers médecins ou même de m'aider à quoi que ce soi. Je vivais comme un zombie, je passais les nuits en clair et je dormais une partie de la journée, c'est dire à quel point mon corps refusait de me suivre ... pour la première fois de ma vie, je fuyais les problèmes mais ils me retrouvaient toujours, quelques uns des problèmes avaient de drôles de noms : "huissiers de justice" et "Huissiers du Trésor" !

Ah les Huissiers !!! Ils arrivaient à toute heure de la journée, je reconnaissais leurs longs coups de sonnette et j'en tremblais à l'avance ! Pourquoi ils venaient ? Pour tout, amendes, redressement fiscal, découverts bancaires, impôts divers, redressement de TVA ... un vrai festival !!! Cependant il me faut être honnête, quand ils entraient chez moi ils se demandaient le pourquoi des redressements (ceci pour les Huissiers du Trésor), puisqu'il ne voyaient aucun enrichissement personnel, pas de tableaux de maitre, pas de meubles du XVIIIème ...  Ils allaient jusqu'à me dire qu'il fallait faire une procédure, que ce n'était pas normal, ils me conseillaient un fiscaliste ... c'était pourtant fait et les honoraires de l'avocat fiscaliste bouffaient une bonne partie du budget familial !
Quant aux Huissiers de Justice, eh bien ils ne comprenaient pas plus.
Quand les deux catégories d'huissiers se trouvaient devant une petite bonne femme totalement apeurée (moi), ils me demandaient comment nous en étions arrivés là ? Il m'est souvent arrivé de me mettre à pleurer à chaudes larmes, de craquer complètement et je suppose qu'ils ont l'habitude et qu'ils savent bien quand les débiteurs font semblant ou son sincères, dans mon cas ils voyaient bien que j'étais au fond du trou ! Il y en avait de plus durs que d'autres mais, à ce jour, je ne peux que constater qu'ils ont été plutôt arrangeants, c'est mon mari qui ne l'était pas. Il leur est même arrivé de délivrer des procès verbaux de carence et la majorité m'a vivement conseillé le divorce, eh oui !
Un jour j'ai reçu un Huissier femme, elle était au service d'une banque, quand j'ai ouvert j'étais encore en peignoir, et il était 15 heures, mes volets étaient encore fermés et de devais ressembler à pas grand chose. Elle s'est présentée et d'autorité est entrée et a pris place dans mon salon, puis elle m'a dit de m'asseoir pour que nous discutions ... Je ne la remercierai jamais assez, elle m'a "secouée" intérieurement, elle avait un ton ferme mais pourtant doux, elle avait du caractère, c'est incontestable, mais elle était fine psychologue et, allez savoir pourquoi, j'ai déballé toute ma triste histoire !!! Elle m'a écoutée attentivement puis elle m'a dit :

"Madame, vous êtes une très jolie femme, vous devriez vous soigner mais vraiment vous soigner, récupérer un rythme normal de sommeil, reprendre votre vie en main et DI-VOR-CER !"

Là-dessus elle m'a dit qu'elle délivrait un procès-verbal de carence mais que, cependant, elle aurait beaucoup aimé parler avec mon mari (inutile de dire qu'il n'a jamais pris contact avec elle). Puis, en partant, elle m'a serré les mains et m'a dit :

"RÉ-A-GI-SSEZ !!!"

Elle m'a fait un sourire, elle a cligné des yeux et elle est partie. Je ne l'ai jamais revue, mais je ne l'oublierai jamais, elle m'a vraiment aidée ! Maître "Bonnefée" - Huissier de Justice - je vous remercie du fond du coeur !


Après son départ j'ai tout ouvert et j'ai pris une douche, je me suis allongée sur mon canapé et j'ai fumé tout en réfléchissant à ma pauvre vie ... si je pouvais appeler ça une vie (?) ... Elle avait raison, il me fallait réagir, c'était urgent que je me ressaisisse, sinon j'allais y laisser ma peau et puis il y avait mes enfants ... oui, je devais réagir et j'ai réagit. Mais il n'y a pas eu de miracle, l'évolution s'est faite petit à petit, doucement, un jour après l'autre, un pas en avant un jour, un autre petit pas le lendemain mais, au moins, il n'y avait pas de pas en arrière.

J'ai recommencé à voir ma psy une fois par semaine, les premières fois je pleurais du début à la fin. J'arrivais avec une question et je repartais avec cent questions et la semaine suivante ça recommençait. Puis j'ai pu parler sans pleurer et un jour je suis arrivée en colère, oui, en colère, j'en avais marre de parler toute seule et j'ai demandé à la psy à quoi elle me servait puisque elle ne m'aidait pas !? J'ai eu la surprise de voir son visage s'illuminer d'un grand sourire et puis elle m'a dit :

"A la bonne heure, je croyais que votre colère n'arriverait jamais !"

Après quoi les séances ont pu se poursuivre et ont été constructives. J'ai repris un peu d'assurance et les anti-dépresseurs commençaient aussi a faire effet. Il était temps que j'attaque le problème suivant : mon estomac !

J'ai donc pris rendez-vous avec la gastro-entérologue qui m'a prescrit une endoscopie oeso-gastro-duodénale et, compte tenu de mon état, elle souhaitait m'administrer une anesthésie générale, il me fallait donc me faire accompagner à la clinique et, surtout, ne pas rentrer seule et ça posait problème, évidemment ! D'abord monsieur ne se montrait pas du tout disposé à m'accompagner et encore moins à aller me chercher, j'avais beau lui expliquer il ne voulait pas comprendre, il proposait de m'envoyer un taxi. Ça ne m'a étonnée qu'à moitié, notre fils s'était fait opérer deux ans auparavant et non seulement il ne l'avait pas visité mais, en plus, m'en voulait de rester à l'hôpital pour attendre son réveil. Cependant j'ai piqué une colère et il n'a pas eu d'autre choix que de m'accompagner à 8 heures et de revenir de son travail pour me récupérer à 15 heures mais ... à mon réveil j'ai appris que j'avais trois ulcères et que le traitement allait être rude. J'ai donc appelé le monsieur en larmes, il m'a dit qu'après le traitement je n'y penserais plus et point. Quand il est arrivé à la clinique il ne s'est pas donné la peine de monter et j'ai du descendre l'escalier seule, avec la tête qui tournait, pour le trouver dans le hall en train de parler et de rire à son portable, il ne m'a pas aidée et, sur mon interrogation, il m'a dit qu'il parlait avec sa fille, évidemment ! Puis il m'a ramenée à la maison, m'a déposée sur le pas de la porte et a pris la poudre d'escampette ... Je n'avais pas mangé depuis 16 heures mais ça ne l'a pas préoccupé. Heureusement que j'avais prévu le coup et que j'avais un paquet de soupe, j'ai mangé et je me suis couchée jusqu'au lendemain. Eh oui, je n'allais pas en plus lui faire son diner, eh bien il n'a pas apprécié !




Le nouvel homme a résolu, à sa façon, 
le nouveau partage des tâches : 
" Occupe-toi de tout et je ferai le reste".

Michèle Fitoussi

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