vendredi 18 avril 2014

Canaliser sa rage

Quand j'ai décidé de reprendre ma vie en main, j'étais certaine que j'étais sur le bon chemin et je ne regretterais rien, cependant il m'arrivait d'être prise de rage ... contre moi, eh oui, contre moi ! Parce que  je me demandais vraiment comment j'avais pu être assez sotte, idiote, crédule, ingénue ... pour me laisser faire autant et pendant tant d'années (presque 30 ans) ???
Au nom de quoi et de qui avais-je pu être aussi patiente ? Comment avais-je fait pour ravaler ma fierté et essayer, encore et encore, de voir le bout de ce si long tunnel ? Comment est-ce possible que je me sois laissée manipuler pendant près de trois décades juste parce que je l'aimais ? Comment ai-je pu me taire à autant de saloperies, autant d'ignominies, autant de mensonges ? Était-ce de la lâcheté ?
Ça en faisait des questions ... et pourtant je n'avais pas les réponses.

Myriam, une de mes amies m'avait demandé à maintes et maintes reprises comment était-ce possible que je me sois laissée berner de cette manière ? Pour ne citer que celle-là, parce c'est elle qui insistait le plus sur la question, car tout mon entourage se posait exactement la même question ... La première fois je lui avais répondu "mais j'ai été heureuse, j'ai eu de grands moments de bonheur !" et elle de me répondre "Quand ? Quand je vois le souk qu'il a mis dans ta vie dès le départ, je me demande vraiment quand est ce que tu as été heureuse !!!???" et je ne pouvais que lui donner raison !!! Je me suis penchée sérieusement sur la question et voici ce qui en est ressorti en guise de réponse, un jour où j'étais avec Myriam et avec Laure :

           "Pour ne pas me décevoir, je me suis auto-convaincue
que j'ai été heureuse !"

Mais Myriam est revenue à la charge : "Je comprendrais ta réponse si tu étais totalement idiote, inculte, pessimiste, démotivée, perdue ... Mais tu es intelligente, tu as reçu une excellente éducation, tu as été une étudiante brillante, une femme d'une force hors du commun, tu avais un métier ... bref tu n'avais pas besoin de lui puisque tu étais tout à fait autonome ! Au vu de tout ce qu'il t'a fait subir, et ce dès le départ, comment tu peux me donner une réponse pareille ? Je ne comprends pas !"
C'est alors que Laure a lâché : "C'est justement parce que Salomé (moi) est intelligente, cultivée, optimiste, motivée et qu'elle a reçu une excellente éducation au sein d'une famille aimante qu'elle a résisté à tout ça, parce que le sens du devoir et de l'amour chez elle sont innés !"
Mais Myriam ne comprenait toujours pas et, prenant la parole à ma place, elle s'est insurgée : "Ok, tout ça c'est vrai, mais de là à se convaincre qu'elle était heureuse il y a un monde !  Ce "trouduc" lui a quand même fait vivre des situations de merde et c'était toujours Salomé qui les en sortait, c'est quand même dingue qu'elle ne s'en soit pas rendue compte ... "
Myriam allait continuer mais je l'ai arrêtée, bien sûr que je m'en rendais compte, bien sûr que je savais qu'il ne valait pas cher mais comme je l'aimais plus que tout, je pardonnais et j'espérais qu'il prenne conscience, c'est pourquoi, et en attendant, je me suis auto-convaincue que j'étais heureuse parce que je voulais être heureuse avec lui, je me battais pour le défendre parce que je savais qu'il n'en n'avait pas la capacité, je luttais pour ses enfants parce qu'ils étaient devenus les miens aussi, j'essayais d'apaiser tout le monde par souci d'intelligence, j'essayais d'élever tous nos enfants avec la même éducation que j'avais reçue, je voulais que tout le monde soit heureux et j'étais heureuse de faire en sorte que cela arrive mais j'avais fait des erreurs :

  1. Abandonner ma carrière professionnelle, je le déconseille à toutes les femmes, pour élever nos enfants. Si je n'avais eu que le mienne et le nôtre, j'aurais continué à travailler, à voir du monde, à ne pas me contenter "d'écouter" grandir les enfants.
  2. Je n'aurais jamais du mettre mes diplômes au service de monsieur le traitre ni  travailler avec lui. C'est à cause de ça que je me suis trouvée pieds et poings liés à la découverte de sa première infidélité (connue).
  3. Je n'aurais pas du pardonner à ses enfants les accusations mensongères, et qu'il couvrait, car à un moment j'en ai été totalement consciente, mais ses enfants étaient aussi mes enfants ... (compliqué) !
  4. J'aurais du le croire quand il m'a dit qu'il y avait plus sa faute que celle de "ses" enfants, que c'était lui qui les montait contre moi et pas le contraire.
  5. Je n'aurais pas du lui accorder mon pardon aussi facilement et je ne parle pas que de sa première infidélité (connue).
Ce sont les cinq points que je me suis le plus reprochés après avoir décidé de reprendre ma vie en main et c'était de là que venait ma rage, cette rage qu'il m'a fallu canaliser pour qu'elle ne se retourne pas contre moi ! "Z'avez compris les amies !?" leur ai-je dit !



Et elles m'ont répondu en coeur "5/5" !

Mais le passé est le passé, car on ne peut pas le refaire, et l'avenir n'existe pas parce que chaque jour nous vivons le présent, c'est ainsi que j'ai décidé de vivre un jour après l'autre sans me poser trop de questions sur l'avenir et rire du passé !
Je dois dire que mon côté optimiste m'a beaucoup aidée et si, parfois, j'ai des rechutes je pense très fort à la manière dont je lui ai coupé l'herbe sous le pied, j'en ris encore et j'en rirai encore très longtemps !!! Je seul côté négatif de ce divorce ce sont les difficultés financières mais j'ai toujours réussi à payer toutes mes factures et à mettre à manger sur la table tous les jours ; je sais aussi que bientôt ce côté négatif ne sera plus qu'un mauvais souvenir dont j'arriverai à rire un jour.

Myriam et Laure avaient raison, je suis intelligente, débrouillarde, cultivée, je n'ai pas les deux pieds dans le même sabot, j'ai reçu une excellente éducation qui m'a donnée des bases bien solides, la preuve : je suis toujours debout ! Quant à la modestie ... je ne suis pas modeste, je suis réaliste, je sais ce que je peux ou ne peux pas faire, ce que je peux ou ne peux pas acheter. J'ai appris à vivre avec ce que j'ai et je sais vivre avec peu.
C'est au nom de tout cela que j'ai réussi à canaliser ma rage vers ce qui en valait la peine et l'important c'est notre réussite, celle de mes enfants et la mienne. Toute la vie je n'ai pu compter que sur moi et tout gérer, donc je continue mais sans le boulet de service dans mes pattes ! C'est pourquoi j'ai canalisé ma rage via deux pipelines :

Être heureuse et être heureuse !




Je me le devais bien !!!




"Je n'attendais pas grand chose de lui. 
J'ai été comblée."


Laurence Tofu





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