jeudi 20 mars 2014

Première trahison - 3


C'était un beau jour de Printemps, le 1er du mois d'avril, quinze jours auparavant j'avais menacé mon mari de mettre fin à notre mariage parce que je ne supportais plus la manière cruelle et abjecte dont il me traitait, il avait donc fait son "mea culpa" et était revenu à de meilleurs sentiments ; ce jeudi 1er avril il m'avait invitée à déjeuner et un ami nous avait rejoints, nous étions tous trois attablés, souriants et joyeux, quand mon portable a sonné, au bout du fil : le mari de la gueuse !

J'ai posé ma serviette, je me suis excusée, je me suis levée et je suis sortie du restaurant, la lumière d'avertissement était revenue et je savais déjà ce qu'il allait me dire ...



Et, effectivement, il n'a fait que confirmer ma thèse mais en bien plus noir que ce que je pensais. Quand il a commencé à dérouler le fil je me suis glacée, par delà la trahison de mon mari, il m'a appris que les deux ainés de nos enfants savaient ce qui se passait et, même, qu'ils participaient, je ne sais pas ce qui m'a fait le plus mal, si l'adultère commis par mon époux ou si le coup de couteau que les enfants,  qui étaient aussi les miens, venaient de me planter en plein coeur !? Et l'autre idiot qui me criait dans les oreilles qu'il voulait sauver son mariage et que si je voulais sauver le mien, il "nous" fallait agir et tout de suite !!! Je me souviens de lui avoir répondu : "tu sauves ce que tu veux, en ce qui me concerne mon mari est dehors dès ce soir !" ... Mais il ne voulait pas que je mette fin à mon mariage, il avait peur que sa femme le quitte, il m'a suppliée de venir le voir pour que nous en discutions, il était tenace le bougre, comme si la paire de cornes que sa gueuse venait de lui rallumer sur le front (eh oui, ce n'était pas la première fois) lui donnait des ailes, il me criait son amour pour sa femme et accusait mon mari "d'avoir trahi leur amitié en essayant de lui prendre sa femme" ... évidemment je pensais tout le contraire et je lui ai répondu que c'était sa gueuse de femme qui avait tourné autour de mon mari. Eh oui, c'est très bête un(e) cocu(e), ça pense toujours que c'est la faute de l'autre, du moins au début !
Mais j'ai fini par lui promettre qu'à la fin du déjeuner j'irais le voir dans sa gargote, j'ai raccroché, je me suis ramassée comme j'ai pu et je suis revenue dans le restaurant avec l'envie de coller tous les plats existants sur la tête de monsieur l'infidèle, de lui démonter la tête devant tout le monde et de mettre fin à notre mariage sur le champ ! Mais ... mais ma dignité l'a emporté, je suis donc rentrée, je me suis assise de nouveau, j'ai donné une excuse tellement énorme que l'ami présent n'y a pas cru mais que mon infidèle a avalée, sa tête vagabondant ailleurs et étant, le plus souvent, dans les étoiles lui donnant ce sourire idiot qu'on tous les amoureux de la terre quand ils pensent à l'être aimé ou aux reins désirés...



Le déjeuner n'en finissait pas et je n'en pouvais plus d'attendre. Mais comme tout a une fin ce repas ressemblant à un poisson d'avril s'est enfin terminé et je pensais que, une fois le copain parti, j'irais avec mon infidèle de mari au bureau lui signifier notre divorce éminent pour ensuite aller à la gargote dire ma manière de penser à l'époux-cocu-malheureux-mais fier ! Pas de chance, le copain ne savait pas comment rejoindre l'autoroute et je fus priée par mon époux, qui affichait un beau sourire de traitre, de l'y conduire, je suis donc grimpée dans ma voiture, le copain dans la sienne et il m'a suivie. Dans ma tête un tourbillon, je ne voulais pas pleurer mais j'en avais envie, je ne pouvais pas crier mais il le fallait, il fallait surtout emmener le copain sur l'autoroute, le semer, revenir en arrière, retourner au bureau pour dire plusieurs vérités à mon époux infidèle, aller retrouver le mari de la gueuse ... Dieu que j'étais mal, que j'étais malheureuse !!!




C'est alors que la sonnerie de mon portable m'a sortie de mes pensées, au bout du fil le copain qui me suivait dans sa voiture et qui me dit "je ne sais pas où tu vais mais ce n'est pas le chemin de l'autoroute, je ne sais pas qui tu as eu au téléphone mais ce que tu as raconté est faux, je ne sais pas ce qu'on t'a dit mais tu es mal, gare-toi dès que tu as une place, il faut qu'on parle" ! Justement il y avait une place, je me suis garée à cheval sur le trottoir, il s'est garé devant moi et m'a rejoint dans ma voiture, je lui ai raconté, je me suis effondrée, il m'a pris les mains et a essayé de me calmer et, surtout, de me dissuader de mettre fin à mon mariage et encore moins d'aller retrouver le mari de la gueuse. Il m'a dit "tu es une femme bien, ne t'abaisse pas à ces gens de peu, c'est avec ton mari que tu dois régler le problème et avec personne d'autre", mais ça n'a pas été simple de me convaincre, quand je lui ai parlé des enfants il m'a dit qu'il ne croyait pas à cette histoire une seconde, que mon mari ne pouvait pas avoir fait ça, qu'il était aussi un père, qu'il avait de la dignité, que l'autre idiot disait ça pour me faire sortir de mes gonds ... et il a fini par réussir à m'apaiser, j'ai promis de me taire au moins jusqu'au lendemain pour agir à froid.

Et je suis rentrée, et je n'ai rien dit, et je n'ai pas dormi et j'étais étonnamment  calme !!! Affublée de l'auréole de la femme bien, je mourais d'envie de coller cette auréole sur la tronche de l'infidèle qui, lui, dormait du sommeil du juste à côté de moi, pendant que mes yeux se refusaient ne serait-ce qu'à se fermer, je ne parle même pas de dormir.



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