vendredi 21 mars 2014

L'homme infidèle 2 - Acte 3


Pendant les dix jours qui suivirent, je me suis appliquée à me calmer et à me dire que mon mariage touchait à sa fin, ça me faisait quand même mal mais il en était ainsi. Comme à l'accoutumée, devant le malheur, mon corps réagissait par des douleurs et cette fois-ci elles se concentraient vraiment dans le ventre, mais il y avait aussi des fois où mes jambes refusaient d'avancer ... Pour que cela me passe, et je le savais, il fallait que j'explose et que je parle, néanmoins cette fois-ci je ne pouvais pas et ne voulais pas parler ...

Pendant le vol qui me ramenait à mon "connard-de-mari-menteur-trompeur-traitre", je me suis remémoré toutes les saloperies qu'il m'avait faites au cours des neuf années précédentes, ça me renforçait dans ce que je devais accomplir, puis je me suis dit que la Bidulette était  "la cerise sur le gateau" ! Comme à l'accoutumée, il n'était pas allé loin pour se trouver une pintade, elle habitait à 600 mètres de chez moi ! Je me demandais qui d'autre pouvait être au courant ? A part mon fils et moi, qui ne le savions que parce que nous avions compris que quelque chose se tramait, est ce qu'ils avaient mis d'autres personnes dans la confidence de cette grotesque situation ? Est ce qu'il aurait le courage d'assumer ce qu'il avait fait ? Pourquoi l'avait il fait ?

"Ah non, ma vieille" (me suis-je dit à moi même) "tu ne vas pas recommencer à te demander "pourquoi" ? Il n'a aucune excuse, bien au contraire, c'est un porc et il ne mérite que ton mépris, alors pas de scrupules, fais ce que tu as à faire et, pour une fois, mets ta force et ton courage à ton service, comme on fait son lit on se couche, et lui vient de faire le sien !"

Puis je me suis mise à me remémorer Bidulette, elle avait 18 ans quand je l'ai connue, c'était une blondasse fadasse avec de petits yeux bleus et un faux air de candeur, bien que possédant un beau corps, elle avait une visage ingrat, des dents jaunes et qui se chevauchaient et une peau bouffée par les boutons ... mon mari avait l'habitude de dire que "sa tronche ressemblait à une calculette" ! Mais nous avions pris des vacances ensemble, ses fiançailles c'est moi qui les avais organisées et chez moi, c'est moi qui l'avais maquillée et coiffée,  je m'étais tapée toute la cuisine pour une trentaine de personnes et j'étais restée seule pour tout ranger. Quand elle est allée vivre avec son mec, c'est moi qui lui ai fait cadeau de son premier lit. Leur premier enfant, c'est moi qui le gardais la nuit parce qu'elle était épuisée !
Elle était de toutes nos fêtes et à notre table encore ! Le jour de mon mariage elle était à côté du marié, de mon "connard-de-mari-menteur-trompeur-traitre",
elle était arrivée avec un ensemble short, il parait que Claudia Schiffer avait le même, à la mairie elle se tenait à côté de mon mari, qui n'avait plus de mère, assise sur le fauteuil et les jambes ouvertes, mon époux en était outré (enfin, c'est ce qu'il disait), à la soirée elle était à la table des mariés, NOUS DEUX donc !
En me rappelant tout ça, une évidence s'est superposée à mes souvenirs : il avait réussi à pourrir mêmes les bons moments de notre vie et il n'en n'avait pas le droit !

Ensuite je me suis souvenue des "prises de tête" entre mon mari et son mec, mon mari était toujours persuadé que c'était de sa faute à elle, il l'appelait "la grognasse", il la trouvait laide, mal élevée, vulgaire ... Tiens, j'ai dit "vulgaire" !? Ben oui, suis-je bête, en fait le truc qui mettait du piment dans la vie de mon "connard-de-mari-menteur-trompeur-traitre" était, justement, la vulgarité et ça je ne savais pas faire !


Le jour de leur mariage, à eux, nous avons été traités comme des gens sans importance, placés à une table dont la place où était assis mon mari gênait le passage, nos enfants du milieu étaient à notre table mais à l'opposé de nous, notre fille ainée avait été placée à côté de la grand-mère de la mariée à une autre table ... Tout était fait en dépit du bon sens, mon mari était triste, malheureux que nous soyons traités de cette manière ... Le lendemain il ne s'est pas fait prier pour le dire au marié et elle n'a pas aimé, ça a donc jeté un froid dans nos relations et nous ne nous étions pas revus depuis lors, c'est à dire 13 ans !!!

Dans ma tête se mélangeaient les souvenirs, à la mort de mon père c'est dans les bras de Bidulette que j'ai pleuré ! Quand mon mari faisait des conneries et qu'ensuite il essayait de s'en excuser, la Bidulette disait qu'il me jouait du pipeau, une fois elle lui a même offert un bonhomme qui jouait du pipeau, construit en coquillages !!! Elle parlait à son mec, devenu son mari, comme à une sous merde et mon époux était outré et en colère. Chez eux nous n'étions invités que pour le café, chez nous ils s'installaient pour la journée s'il le fallait parce que j'avais un lave-vaisselle, moi !!! Puis il y avait les dialogues du genre :

Son mari : Chérie, tu nous fais un petit café ?
Elle : T'as qu'à le faire toi même, connard, va te faire enculer !!!

Et bien, ça allait donner hein !!!


Quand mon vol a atterri et que j'ai voulu me lever de mon siège, mes jambes avaient du mal à me porter, une douleur s'insinuait dans le bas ventre et j'ai été obligée de lutter avec mon corps pour réussir à me lever, à attraper mon trolley et à sortir de l'avion, une hôtesse a remarqué que je n'étais pas bien et elle m'a aidée et accompagnée ... puis je lui ai dit que ça allait et je suis allée retrouver l'autre lâche, toujours en luttant contre mon corps mais avec l'idée fixe d'y arriver !!!

Au loin j'ai vu mon "connard-de-mari-menteur-trompeur-traitre", portable vissé à l'oreille et tous sourires dehors, j'ai fait comme si ne je n'avais pas vu. Tout à coup il m'a aperçue dans la foule, a raccroché et a repris sa tête des mauvais jours, toujours en faisant l'aveugle je lui ai téléphoné pour lui indiquer que je n'avais qu'un bagage à main et lui dire où je me trouver, il est alors venu vers moi et son accueil fut glacial ! Il a pris ma valise et a commencé à marcher droit devant lui, j'avais du mal à suivre, pas encore très vaillante sur mes jambes mais ça pouvait aller, c'est la douleur du bas ventre qui était terrible ! De temps en temps il se retournait, son visage était fermé, il m'avait de que c'était bien que je rendre car, bien entendu, il y avait des problèmes à régler, mais il était manifeste que je dérangeais ses plans, tant mieux !!!

Enfin nous sommes arrivés à sa voiture et le voyage jusqu'à la maison s'est fait en silence. Une seule chose m'importait, retrouver mon fils, le prendre dans mes bras, me blottir dans les siens, sentir sa chaleur pour qu'elle me communique les forces nécessaires, pour que je puisse lutter et mener mon projet à bon port, pour que j'arrive enfin à nous sortir du marasme dans lequel mon "connard-de-mari-menteur-trompeur-traitre" nous avait plongés !









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J'avais aussi hâte de retrouver ma fille, mais elle habitait loin et ne savait rien de nos découvertes, je le les lui raconterais le moment venu et il allait aussi falloir que je lui raconte l'histoire de la gueuse d'il y avait neuf années ... comment allait elle prendre tout ça ?

Je suis enfin arrivée chez moi et mon fils était là à m'attendre, aussi désespéré que moi mais aussi déterminé pour soutenir sa mère que je l'étais pour mettre fin à cette mascarade, toutefois pas à n'importe quel prix !

Je ne saurais dire lequel de nous deux s'est jeté dans les bras l'un de l'autre, je sais seulement que cette étreinte m'a donné une telle force que les douleurs sont parties, je sentais son coeur battre près du mien et plus rien n'avait d'importance ! Je rêvais du jour où nous serions trois à partager une étreinte d'amour filial, une étreinte vraie et saine, me réunissant enfin avec mes deux enfants !

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