dimanche 30 mars 2014

Ma réflexion de début

Il est important de prendre du temps pour réfléchir, c'est pourtant ce qui me faisait le plus défaut.

C'est vrai, je n'avais pas le temps, parce que mon temps je le passais à régler les problèmes qu'il avait engendrés ... Celui qui me restait il ne me servait qu'à dormir pour récupérer un peu de forces afin de résoudre ceux qui m'attendaient le lendemain. Puis, un jour, un ENORME problème se posa et celui-la m'emmena au loin, je partis pour huit jours et j'y restais treize longs mois. C'est alors que, avec la solitude pour compagne, je me mis à réfléchir sérieusement :
  • sur le devenir de mon couple
  • sur mon devenir
  • sur le devenir de mon fils
J'avais dépassé la cinquantaine et j'étais presque à mi chemin de la soixantaine, il était temps que je réfléchisse !

Les deux premiers mois je m'attachais à régler le problème et, force m'était de constater, que je ne pouvais y arriver seule, j'ai donc mis mon lointain mari à contribution mais sans aucune arrière pensée. Il m'appelait tout les soirs et me criait son amour par téléphone et par mails, ça me donnait la force d'aller de l'avant et je réussis même à ce que le processus du problème soit suspendu. Au bout du second mois je fis une découverte qui me laissa pantoise, je découvris qu'au loin, et malgré qu'il me crie son amour, mon époux faisait de drôles d'achats via internet, des achats qui avaient à voir avec notre intimité et j'en conclus (bête que j'étais) qu'il allait venir me retrouver dans mon exil, peut-être pour un week-end ou une petite semaine, pour que nous nous retrouvions enfin seuls et que nous filions le parfait amour pendant ce temps là ... mais non seulement il n'en fut rien comme ses mails se firent de moins en moins amoureux et, je l'avoue, au vu de ses achats et de sa froideur, mon amour pour lui a pris l'eau.

Ça a commencé par un malaise sur le parking d'un supermarché, je me suis mise à trembler puis les forces m'ont manqué, il était urgent que je m'allonge mais je n'ai pas pu entrer dans ma voiture et je me suis écroulée sur le sol. Je ne me suis pas totalement évanouie mais je n'avais plus aucun contrôle sur moi, les gens se sont agglutinées autour de moi et quand j'ai vraiment repris conscience j'étais dans une ambulance qui faisait "pin pon" et était en route vers l'hôpital le plus proche. J'étais consciente mais je n'arrivais pas à parler, je me suis mise à gonfler et je me suis laissée aller, pour une fois on allait prendre soin de moi.

Arrivée aux urgences, j'ai été immédiatement prise en charge, des analyses de sang ont été faites, j'ai été mise sous perfusion et là j'ai réussi à parler avec le médecin qui était une femme. Mise en confiance j'ai craqué et j'ai tout raconté. Le médecin m'a dit que, plus que mon corps, il me fallait soigner mon âme. En apprenant quels médicaments je prenais elle m'a indiqué que c'était bien mais qu'il fallait que j'y joigne le calme pour réfléchir à ce qui était le meilleur pour moi, puis elle appela la psy de service et elles ont réussi à m'extirper mes peurs les plus folles mais cependant réelles ... Des médicaments ont été ajoutés à ceux que je prenais déjà et la psy me demanda de revenir en consultation avec elle la semaine suivante. Requinquée et dégonflée, à part mon annulaire gauche, je fis le voyage de retour avec les pompiers qui m'avaient attendue, cette fois-ci assise comme une grande, tout à fait consciente et en les remerciant de tout ce qu'ils avaient fait pour moi.

Une fois à la maison j'ai appelé une amie, quand elle arriva je lui racontais mon "aventure" et lui demandais de me conduire dans une bijouterie pour que je fasse couper mon alliance qui me faisait mal, mon annulaire gauche n'ayant toujours pas dégonflé. Sachant tout ce qui m'avait amenée à rester en exil, comprenant que j'étais arrivée à une fourche de mon chemin, elle s'exécuta sur le champ. A la bijouterie une jeune femme me délivra de mon alliance en la coupant et se montra désolée d'avoir coupé sur le prénom de mon mari qui y était gravé, je lui ai répondu que ça n'avait pas d'importance et je me dis que c'était un signe ! Mon annulaire dégonfla a vu d'oeil et, une semaine après, j'ai constaté que mon alliance m'avait déformé le doigt ... depuis je n'ai pas pu y mettre une bague, toutes se coincent, eh oui !

Je n'ai plus rien fait d'autre ce jour là, je me suis reposée et j'ai profité du soleil, puisque dans ce pays béni l'été était arrivé avec le printemps.

C'est à partir de là que je me suis appliquée à réfléchir, à peser le pour et le contre, j'ai fait des listes, les célèbres listes sur une feuille A4 avec un trait au milieu, d'un côté le "pour" et de l'autre le "contre". De toutes les listes que j'ai pu faire les "contre" étaient toujours en majorité, confortée dans ma thèse j'ai décidé de profiter du soleil, puisque la procédure était stagnée et que, j'en étais sûre, une solution allait être trouvée.

Pour compagnie j'avais un chat qui s'était épris d'une immense tendresse pour moi, et je la lui rendais bien, mais le chat s'est révélé être une chatte qui attendait des petits et ses petits elle les a faits chez moi. Il parait que les chats sont excellents contre la dépression, je me suis donc régalée avec les cinq chatons et la maman, je leur ai fait un lit accueillant et douillet, j'ai nourri la famille six mois durant, c'était un bonheur de voir évoluer les chatons et la maman, mes idées noires s'en allaient peu à peu. J'ai planté des fleurs, j'ai fait le grand nettoyage de la maison, j'ai pris mes marques et mes habitudes. Quelques amis sont passés, ceux qui étaient sur place ne m'ont jamais laissée tomber et les nouvelles de mon mari étaient de plus en plus moroses, à un tel point qu'il n'est pas venu me rejoindre pendant ses congés mais il m'a envoyé notre fils et là ... entre mon fils, ma maison, le soleil, la bonne humeur, les chaises longues et la piscine, les petits plats et les thés glacés, plus les chats et leurs pitreries ... là ce n'était que du bonheur !

Mon mari, lui, se passait très bien de moi et j'ai décidé que je me passais très bien de lui, parce qu'il faut soigner le mal par le mal.

Encore deux mois et mon fils rentra, la maison fut vide tout à coup, l'automne était bien entamé mais dans mon pays il est très beau et très chaleureux ... c'est presque un été prolongé et ça ne se rafraichit que le soir venant. Mais je me retrouvais quand même face à face avec la solitude et le temps commença à me sembler long, il fallait régler le problème qui m'y avait amenée.

Comme un autre problème m'attendait en France, j'ai été obligée d'y revenir et je me suis trouvée devant un mari morose voire embêté que je sois rentrée pour quelques jours. C'est à peine s'il m'a embrassée à l'aéroport, alors que nous étions séparés depuis neuf mois, une fois dans la voiture il m'a demandé de l'embrasser "comme il faut" (?) et rentrés à la maison il m'a dit "comme tu vois tout est nickel" (?) puis il s'est couché et a dormi. Et là je me suis dit :

"Les achats sur internet n'étaient pas pour toi, ma vieille !"

Alors je me suis couchée et j'ai dormi aussi, mais pas du sommeil du juste comme lui !

Puis j'ai entamé de régler le problème qui m'avait amenée dans le foyer conjugal et j'ai beaucoup profité de la présence de mon fils, puisque celle de mon mari se résumait à : "je rentre tard, je dine, je dors et le lendemain je repars" ! J'en ai conclu que, décidément, je ne servais qu'à régler les problèmes et qu'il était temps que j'aille finir de régler celui qui m'attendait à 2000 km.

Quand j'ai repris l'avion, j'emmenais dans mes bagages :

  • le manque de mon fils, déjà !
  • L'espoir de régler, enfin, la procédure pendante,
  • la froideur de mon époux
  • et les trouvailles de mon fils sur une toute nouvelle amitié de son père et de sa tante (la belle-soeur de mon mari) !
  • Mais je n'avais toujours pas décidé le devenir de notre mariage, j'ai donc décidé de l'inclure dans le bagage cabine.

De retour dans mon beau pays, où l'automne avait vraiment pris sa place, je ne savais pas encore que le plus dur des combats de ma vie m'attendait !!!

Quelques jours après, tous les ingrédients nécessaires étaient réunis pour que je règle, enfin, le gros problème qui me retenait en exil, je m'apprêtais à le faire,   l'avocat de la partie adverse a envoyé à mon avocat un mail en ce sens et, une heure plus tard, il a sorti un nouveau lapin de son chapeau ! Nous devions environ 15 000€ à la banque ! Pourquoi ? Comment ? Depuis quand ? Pourquoi personne n'en n'avait parlé ? Pourquoi je ne le savais pas ? L'avocat adverse n'en savait pas plus, il allait voir avec la banque ... Je suis sortie de chez mon avocat et je suis allée à la banque et là, surprise, l'un des employés me dit que c'était vrai, qu'il s'agissait de mouvements de cartes de crédit faits par le net sept années auparavant, stupeur totale de ma part !!! Je n'en n'avais jamais rien su !!! J'ai demandé les relevés bancaires et il m'a répondu que ça allait me coûter 9€ par mois, c'est à dire plus de 200€, il m'a aussi indiqué que je devais avoir tous ces documents en ma possession plus les lettres, que c'était donc inutile de dépenser une somme pareille. Je suis sortie de la banque en larmes, j'ai été prise de douleurs et, je me souviens, ce jour là il pleuvait mais je ne pouvais pas m'abriter sous mon parapluie, je m'en suis servie comme d'une canne pour arriver à ma voiture, je me disais que je n'en verrais jamais le bout et ce qui était en jeu était une partie de moi !!!

En jeu il y avait la maison de famille construite pour le mariage de mes grands-parents, qui avait appartenu à mes parents et dont j'avais hérité à leur mort. A cause des dettes faites par mon mari, ma maison avait été mise sous saisie-conservatoire et si je ne réglais pas ce découvert qu'il avait creusé, je risquais tout simplement de perdre ma maison, ma maison ce sont mes mémoires, mon "troisième enfant" qui est aussi "mes parents", ma source !

Quand je me suis retrouvée dans ma maison de poupées, je n'arrivais pas encore à croire à ce qui se passait, j'étais gelée, sidérée, coite, totalement à côté de la plaque et je n'arrivais pas à réagir. C'est dans cet état qu'une de mes amies m'a trouvée, totalement hagarde et allumant les cigarettes les unes avec les autres.
Pour me faire réagir, elle m'a fait un café, m'a passé de l'eau froide sur le visage, m'a calée dans mon fauteuil avec une couverture sur les genoux et elle a allumé le feu dans la cheminée. J'ai bu le café, je me suis réchauffée et je me suis mise à pleureur pour ensuite être prise d'une rage hors normes ! J'ai crié, hurlé des insultes, j'en voulais à mon mari à un tel point que je crois que j'aurais été capable de le frapper ou de lui faire du mal s'il s'était présenté devant moi à ce moment là.
J'étais venue pour régler un problème et, depuis neuf mois, les problèmes s'accumulaient, celui-la étant la goûte d'eau !!! Puis je me suis calmée, j'ai pris une douche, j'ai mis mon pyjama et, une fois mon amie partie, j'ai attendu l'appel du soir de mon mari.

A 23 heures, en France, il m'a téléphoné comme (presque) tous les soirs à la même heure, je lui ai dit ce qui c'était passé, il a nié, je lui ai ordonné de m'envoyer tous les relevés bancaires datant de ces années là, il a ronchonné parce qu'il savait que c'était vrai et que, une fois de plus, il ne m'avait rien dit, profitant de ma maladie qui m'empêchait de faire ce genre de choses, il avait fait comme si rien ne s'était passé, comme s'il n'avait rien fait, j'étais sûre que quand j'aurais enfin eu les relevés en ma possession, il me répondrait comme à son accoutumée "je ne t'ai pas menti, j'ai omis pour ne pas t'énerver". Mais à ce précis moment, au téléphone, je lui ai dit ma manière de penser, je n'en n'avais plus rien à faire, il suffisait de régler ses conneries, à un moment il fallait les assumer, à un moment il lui fallait être un homme ! Quand j'ai raccroché je me sentais mieux et quelques minutes plus tard mon fils m'a annoncé, via l'ordi, que son père était en colère et criait "ça ne peut pas être toujours de ma faute !" eh si, mec, c'était de ta faute !!! Et je pouvais prouver pourquoi !

Après cette dispute téléphonique, je me suis jurée que je ne perdrais pas une partie de moi : MA maison !!! Puis, je me suis retrouvée face à ma solitude avec mon chat ... En rentrant de "mon problème de France" un seul des chats m'attendait, le plus coquin, et il a été ma compagnie jusqu'au bout de mon exil forcé.

Le lendemain, aussitôt mon petit déjeuner avalé et ma douche prise, je me suis habillée de couleurs, mettant de côté le noir qu'était devenu ma couleur depuis trop longtemps, il faisait beau, le soleil brillait et faisait chatoyer les couleurs de l'automne, c'est avec entrain mais en quête d'une force supplémentaire, que je me suis rendue sur la tombe de mes parents ... je leur ai "raconté" ce qui arrivait et, les mains jointes, j'ai juré, en leur mémoire, que c'était la dernière saloperie qu'il me faisait ! Je leur ai demandé pardon de ne pas avoir cru en ce qu'ils m'avaient dit au départ, et c'est en pleurant que je leur ai dit que, quitte à ce que ce soit la dernière chose que je fasse, cette maison resterait dans notre famille. J'y suis restée longtemps, j'ai rajouté de l'eau dans le vase de fleurs et j'ai embrassé leurs portraits en les couvrant de mes larmes, j'ai allumé une bougie pour qu'ils m'éclairent de là-haut et c'est encore en leur demandant pardon que je les ai quittés ce jour là.

C'est ce jour là que j'ai su ce que je voulais pour moi ! Finies les listes de pour et de contre, j'étais arrivée à mes limites sur lesquelles j'avais trop vécu et depuis trop longtemps. Ce jour là tout c'est éclairé, il ne me restait plus qu'à attendre les relevés bancaires qui allaient m'arriver de France pour porter l'estocade finale et mettre mon connard de mari devant ses responsabilités, enfin !!!

L'espoir m'était revenu et il n'allait plus jamais me quitter, j'allais lutter bec et ongles, j'allais me surpasser, je me devais bien ça, aussi bien que je le devais à mes enfants et à la mémoire de mes parents et de tous mes ancêtres. C'est alors que j'ai regardé le ciel, il était immaculé de nuages, d'un bleu comme celui qui n'existe dans mon pays et le soleil brillait de mille feux en ce matin d'automne et je me suis sentie pousser des ailes.



"C'est le propre de l'Homme de se tromper ; 
seul l'insensé persiste dans son erreur."
Cicéron

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